mardi 25 novembre 2008

Correspondance entre Léon Gaumont et Alfred Claude Bromhead, 1906-1908

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Correspondance entre Léon Gaumont et Alfred Claude Bromhead, 1906-1908

Stephen Bottomore
p. 97-113

Notes de la rédaction

Présentation et annotations par Stephen Bottomore. Traduction de l’anglais et transcription des lettres par Jean-Jacques Meusy.

Plan

Texte intégral

1 Après la publication de la correspondance commerciale de Léon Gaumont 1895-1899 (Paris, AFRHC – BiFi – Gaumont, 1999), nous publions ci-après douze lettres inédites (dont onze de Léon Gaumont) qui viennent d’être retrouvées en Angleterre par la famille Bromhead.

2 Depuis ses débuts, au milieu de la dernière décennie du XIXe siècle, la maison Gaumont a été l’une des principales firmes de cinéma en France. Les historiens français du cinéma savent certainement moins que la branche britannique de la compagnie a été elle-même, des années quatre-vingt-dix du XIXe siècle aux années vingt du siècle suivant, une importante affaire, largement indépendante dès sa création de la maison mère1. Bien que Alfred Claude Bromhead (1876-1963) ait été à la tête de la succursale britannique de la maison Gaumont, il est resté une figure quelque peu obscure de l’histoire du cinéma d’outre-Manche. J’ai contacté, il y a quelques années, le fils de A. C. Bromhead, John Bromhead, et j’ai non seulement acquis grâce à lui une connaissance plus précise du caractère et de la carrière de son père, mais j’ai aussi obtenu d’autres membres de la famille qu’il a réussi à retrouver les douze lettres qui sont reproduites ici. Apparemment, ces lettres sont la seule correspondance concernant la compagnie qui subsistent chez les descendants de Bromhead.

3 À une exception près, ces lettres, manuscrites ou dactylographiées, ont été écrites par Léon Gaumont (ou en son nom) et sont adressées à Bromhead. Elles sont toutes, sauf une, écrites en français (cette exception concerne la seconde lettre, écrite en anglais, qui émane d’un employé probablement anglais de la compagnie). Elles datent de novembre 1906 à novembre 1908, la majorité d’entre elles étant de 1908. Cette année-là fut une période particulièrement intéressante et mouvementée de l’histoire du cinéma en général et de celle de la société Gaumont en particulier2. Les deux années qui avaient précédé ont constitué une période de changements sans précédent pour la Gaumont française avec sa transformation en société anonyme en décembre 1906 et la montée en flèche du cours de ses actions durant l’automne 19073. Mais, dès 1908, les compagnies cinématographiques européennes commencèrent à être évincées du marché américain, ce qui constituait probablement l’un de leurs principaux sujets d’inquiétude. À la fin de 1908 était constitué le scandaleux trust MPPC (Motion Picture Patents Company). Quatre des lettres furent écrites de New York durant les deux voyages que Léon Gaumont y fit en avril et septembre 1908, lorsqu’il lutta contre les efforts déployés par les Américains pour étouffer la concurrence européenne (Bromhead lui-même visita l’Amérique au début de l’année 1908)4. Ces lettres constituent un complément utile à celles que Léon Gaumont écrivait à son directeur de production, Louis Feuillade, à son retour en France, presque à la même époque5. Dans les lettres adressées à ses deux collègues de confiance, Gaumont insiste sur la nécessité d’accroître l’intérêt du public pour les films de la Compagnie et ainsi d’augmenter les ventes en Amérique et ailleurs. Dans ses lettres à Feuillade, par exemple, Léon Gaumont remarquait que les films historiques n’avaient pas la faveur du public, tandis que les films comiques plaisaient bien davantage.

4 Dans ses lettres à Bromhead, Gaumont mentionne des réunions prévues avec des producteurs anglais comme R. W. Paul qui prouvent à l’évidence qu’il tenait ses autres collègues européens au courant des événements américains présentant un intérêt mutuel. D’autres sujets abordés dans ces lettres concernent des aspects techniques, tels que l’approvisionnement en film vierge et sa perforation, le taux de rétribution de la branche britannique de la Gaumont.

5 Les présentes lettres éclairent aussi le caractère de Léon Gaumont, complétant ainsi le tableau vivant et précis de la vie et de l’œuvre de ce formidable pionnier que Jean-Jacques Meusy nous a déjà brossé6. Meusy évoque les jeunes années de Gaumont et les débuts de sa carrière dans l’industrie et le commerce photographique français qui l’amenèrent en 1894 à la tête du Comptoir général de photographie7. Cet auteur décrit aussi l’étonnant rythme de travail de Léon Gaumont, sa manière parfois cassante de traiter les affaires professionnelles, son intérêt constant pour la technique et sa moralité austère (notamment son opposition aux jeux d’argent !). La plupart de ces traits de caractère se retrouvent dans sa correspondance avec Bromhead.

6 Meusy signale un autre aspect de sa personnalité : le relâchement de son écriture manuscrite (tant du point de vue du style que du graphisme). Cela aussi est tout à fait évident dans les lettres à Bromhead et lorsque je pris connaissance de ces documents, je me désespérais de pouvoir jamais en saisir le contenu. Heureusement, Meusy, qui avait déjà transcrit de nombreuses lettres de Gaumont datant des années quatre-vingt-dix du XIXe siècle pour l’ouvrage cité plus haut, proposa son aide et parvint à déchiffrer presque tout, à très peu de mots près.

7 J’ai déjà évoqué quelques-uns des détails que ces lettres révèlent sur l’état du commerce cinématographique international dans cette période ancienne, particulièrement concernant la Grande-Bretagne et la France. Ce qui ressort aussi de cette correspondance est l’attitude de Gaumont à l’égard de son collègue anglais. À première vue, celui-ci semble chaleureux. Il commence ses lettres par : « Mon cher Bromhead » et les termine souvent avec une « bonne poignée de main ». Mais une lecture plus attentive montre que Gaumont est condescendant envers Bromhead, s’adressant à lui comme à un inférieur et manifestant parfois une impolitesse flagrante. Par exemple, dans la troisième lettre : « Je ne comprends pas votre lettre autrement que par une crise, je ne dirai pas d’appendicite puisque l’appendice est enlevé, mais par une crise de rein flottant […] » Ou bien dans la dixième lettre : « Il me semble que vous ne vous rendez pas compte de la crise cinématographique et que vous continuez à marcher sans vous préoccuper de vos paiements. Encore une fois attention !! ». Tel un père sévère, L. Gaumont donne des ordres à Bromhead, lui interdisant de traiter directement avec Eastman (lettre 3) ou lui ordonnant de ne pas accorder de monopoles aux négociants (lettre 6).

8 D’autres témoignages confirment que Léon Gaumont était souvent désagréable avec ses subordonnés8 et nous en avons un exemple ici avec une lettre qui n’émane pas de lui. Dans la deuxième lettre, en effet, l’infortuné H. Dickson écrit : « Il [Léon Gaumont] dit que je devais cesser toutes relations avec Mademoiselle Lock, ou bien quitter immédiatement mon emploi. » Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est qu’il s’agisse d’un employé masculin. Dans le climat de l’époque, il arrivait qu’un membre féminin du personnel soit contraint de rompre une relation, mais il était inhabituel pour un patron d’intervenir dans la vie privée d’un employé masculin. Il est possible que L. Gaumont ait soupçonné cette Mademoiselle Lock d’être une espionne industrielle (Gaumont avait eu quelques problèmes de ce genre auparavant9) mais, en tout cas, son comportement ne manquait pas de brutalité.

9 À la différence du caractère de L. Gaumont, celui de A. C. Bromhead est moins aisé à cerner. Lui aussi était un homme d’affaires dur et guère jovial – il était très peu disposé à acheter des films à des producteurs et était connu de ses contemporains sous le surnom de « le bromure », ce qui désigne quelqu’un de plutôt ennuyeux10. Mais aucun de ceux-ci n’ont perçu chez lui la même froideur, voire le despotisme, qui semblaient caractériser Léon Gaumont. Néanmoins, Bromhead et son patron français paraissent avoir eu confiance l’un dans l’autre et avoir travaillé ensemble avec efficacité. À l’époque de cette correspondance, les deux hommes se connaissaient depuis presque une décennie. Bromhead n’avait que vingt-deux ans lorsqu’il reprit la charge d’agent de la succursale britannique de Gaumont, durant l’été 1898. À l’évidence, il était fiable, travailleur et honnête, toutes qualités que Gaumont appréciait beaucoup. La Gaumont British allait devenir la plus importante filiale de la Gaumont française et les bonnes relations qu’entretenaient ces deux hommes y ont certainement contribué.

10 Dans les années qui suivirent, leurs rapports professionnels devaient évoluer au fur et à mesure que l’affaire anglaise acquérait davantage d’indépendance, jusqu’à ce qu’elle devint en 1922 une société complètement distincte. Cette brève correspondance de la première décennie du XXe siècle nous fournit un passionnant instantané d’une étape sur ce chemin, à une époque de séismes dans l’industrie cinématographique, lorsque l’expansion du cinéma américain signifiait que les producteurs d’Europe continentale et ceux d’Angleterre avaient un véritable intérêt mutuel à coopérer.

Documents. Douze lettres inédites

Lettre à en-tête du Comptoir général de Photographie, L. Gaumont et Cie, 57, rue St-Roch. [Texte manuscrit]

11 Paris, le 19 novembre 1906.

12 Mon cher Bromhead,

13 La banque me réclame les bulletins de souscription par le prochain courrier. Veuillez les remplir avec Welsch11 et me les retourner.

14 Faites-moi aussi envoyer un chèque pour la moitié de vos deux souscriptions.

15 L. G. [?]

16 Léon Gaumont

Lettre à en-tête de la Société des Établissements Gaumont. Sté anonyme capital 3.000.000. [Texte manuscrit]

17 Paris, le 21 décembre 1907.

18 A.C. Bromhead Esq.,

19 Dear Sir,

20 On Monday last 16th inst [i.e. 16 décembre] I had an interview with Mr Gaumont, during which he informed me, through Mr D’Armagnac, that he had heard the story of what had taken place as regards my private affairs just before I left London. He said that I must sever absolutely my connection with Miss Lock, or leave his employ at once. If I severed this connection he would give me the post of cashier in London, when Mr Marschal left for Canada. This of course left me no alternative, actually, so my connection with Miss Lock is absolutely severed, until such time as Mr Gaumont gives me permission to resume it.

21 I have nothing else of importance to report this week.

Lettre à en-tête de la Société des Établissements Gaumont. Sté anonyme capital 3.000.000. Siège social Paris, 57 rue St-Roch [Texte dactylographié]

24 Paris, le 28 décembre 1907.

25 LONDRES

26 Mon cher Bromhead,

27 Je vous retourne, sous ce pli, la réponse que vous voudrez bien remettre à Harry LAUDER.14 Vous voudrez bien me mettre au courant de votre entretien avec cet artiste et des dernières conditions auxquelles nous pourrions louer les bandes aux États-Unis.

28 Je vais écrire à Blaché [i.e. Herbert Blaché] pour lui demander de prévoir l’organisation d’un service de location.

29 En tous [sic] cas, il ne faut pas oublier d’informer Harry LAUDER que dans l’état de NEW YORK on interdit l’emploi des dynamos pour la conduite des appareils Cinématographiques. Heureusement nous pourrons tourner la difficulté par le Chronophone à main, mais avec le modèle automatique, cela aurait été impossible.15

30 Demandez-lui aussi qu’il veuille bien nous indiquer les théâtres où nous pourrions nous adresser pour la location, et autant que possible qu’il veuille bien nous donner une lettre d’introduction pour traiter ces affaires et pour chaque théâtre bien entendu.

31 HOPWODD16 – Je vous envoie ci-joint une lettre que vous voudrez bien lui faire parvenir.

32 Je réponds maintenant à votre lettre d’hier.

33 Ah !, vous n’aviez pas besoin de me dire dans votre précédente que vous étiez inquiet de votre santé. On voit bien que le moral est atteint par la rédaction de votre dernière. Pour un peu la Succursale de Londres serait sur le point de fermer et de faire de mauvaises affaires. Heureusement pour mon compte personnel je suis rassuré sur l’avenir, mais je vois qu’il faut encore que je vous remonte sur ce chapitre.

34 Je prends vos arguments point par point.

35 FEUILLE DE CAISSE – C’est bien ce que je voulais. Je vous remercie

36 (T.S.V.P.)

37 QUESTION KODAK – Vous ne vous contentez pas de réclamer lorsque vous avez une perte, vous réclamez maintenant sur le manque à gagner. Ainsi par exemple vous me dites que si au lieu de prendre les pellicules à la maison de Paris vous les aviez prises directement à Eastman, vous auriez fait un bénéfice de 18 Livres. Ce n’est donc pas une perte mais un manque à gagner.

38 Or, à ce propos, je vous ai dit que le Conseil avait décidé d’avoir tout l’approvisionnement principal des pellicules à Paris parce que de cette façon il y a d’abord une immobilisation moins grande de capitaux.

39 D’un autre côté, c’est Paris qui paie l’intérêt de l’argent ainsi immobilisé pour avoir toujours, autant que possible, un approvisionnement suffisant de bandes.

40 D’autre part, nous avons reconnu que la régularité de la perforation nécessitait la présence journalière d’un personnel mécanicien dans l’atelier de perforation, surtout avec les machines que nous employons maintenant pour obtenir une perforation parfaite. Or, vous n’avez pas un débouché suffisant pour justifier cette dépense et vous ne voudriez pas, je suppose, que j’installe une perforation spéciale à Londres pour vous être agréable. Ce sont des frais généraux qu’il faut éviter.

41 Maintenant cette nécessité de la perforation aussi parfaite que possible s’impose parce que le voisin fait très bien et que les bandes que vous nous envoyez ne sont pas assez stables pour que nous puissions lutter avantageusement contre ce concurrent.

42 Voilà donc des raisons suffisamment péremptoires pour justifier la décision que la Maison Mère fournira les agences de bandes dont elles pourraient avoir besoin.

43 J’arrive maintenant à la question édition. Comment voudriez-vous que nous utilisions surtout maintenant à Londres un laboratoire automatique semblable à celui que vous avez vu lors de votre visite, vous même vous reconnaissez que la chose est impraticable. Alors que demandez-vous ? Simplement d’avoir le tirage à peu près pour rien, c’est-à-dire que la Maison de Paris aura depuis deux ans fait les recherches, les études, construit le matériel, les Laboratoires, acheté les terrains, tout cela pour livrer des bandes à la Maison de Londres à un prix insignifiant. Nous avons bien l’intention de faire profiter nos agences du bas prix de revient dû à ces perfectionnements, mais faut-il encore pour cela que nous ayons amorti les frais d’installation. Or, vous demandez, vous, à en profiter immédiatement, sans avoir aucun risque, aucun débours et sans avoir à supporter aucun amortissement.

44 Vous êtes vraiment par trop gourmand. Lorsque nous avons livré le Chronophone, – vous devez reconnaître que c’est maintenant une bonne affaire –, on ne vous a pas fait payer les recherches qui avaient durées [sic] des années. Je vois que vous avez pris goût aux bonnes affaires et vous seriez heureux que l’on procède de même pour le tirage des bandes.

45 LONDRES [Suite 2] [Même papier à en-tête]

46 Allons, revoyez les choses telles qu’elles sont. Supportez maintenant le prix de revient que nous avons imposé et vous reconnaîtrez vous même, par la suite, que nous avons tout intérêt à procéder de cette façon.

47 Maintenant, je ne comprends pas la fin de votre lettre. Vous me parlez d’une perte considérable en argent parce que la Maison de Paris vous fournirait les bandes sensibles. Cela ne tient pas debout. Votre reproche ne pourrait donc porter que sur la question d’édition. Or le Laboratoire de LONDRES n’est plus à hauteur pour faire de l’édition industrielle avec une perforation parfaite et un tirage aussi régulier que possible.

48 Encore une fois trouveriez-vous juste et rationnel de monter à Londres une usine comme celle de Paris, étant donné la proximité des deux villes ?

49 Vous me parlez de prestige et d’initiative. Qu’est-ce que cela vient faire dans votre lettre [?]. Vous n’avez pas une minute à vous et vous trouvez que votre prestige se trouve entamé. Mais, sapristi, occupez-vous donc des affaires nouvelles que je vous ai indiquées. Occupez-vous des débouchés nouveaux, de la confection des négatifs et je crois que vous avez là encore de quoi suffisamment élever votre prestige, et, encore plus, mettre à contribution votre initiative.

50 Je ne comprends pas votre lettre autrement que par une crise, je ne dirai pas d’appendicite puisque l’appendice est enlevé, mais par une crise de rein flottant, puisque c’est pour cette raison que l’on doit vous opérer. Tâchez cependant, si possible, d’éviter cette nouvelle séance qui me paraît moins indispensable que la question de l’appendicite.

51 Allons, tous mes bons souhaits pour la nouvelle année [ajout manuscrit :] et puis meilleure santé.

52 Léon Gaumont

53 Comment pourrais-je remercier M. Hopwood ?

Lettre à en-tête “The Waldorf Astoria, New York”. [Texte manuscrit]

54 New York, 10 avril 1908.

55 Mon cher Bromhead,

56 Vous devez attendre avec impatience de mes nouvelles et croire que le patron vous oublie. Il n’en est rien mais la nature si délicate des négociations ne permet pas d’aller vite et je m’estime heureux si après une semaine ici je n’ai pas reculé. J’attends maintenant l’arrivée de Charles Pathé le 21 courant pour faire si possible un projet de convention qui mettra la situation au point ; d’ici là pas grand-chose à faire, je pense me prévaloir de ma position de président du Congrès pour rester indépendant et écouter les 2 parties. Pour le moment attendons et dites, si vous êtes interrogé, qu’il n’y a rien de changé pour le moment. Surtout je tiens absolument que vous vous refusiez à toute interview, je m’occupe activement des intérêts généraux et ce serait les compromettre que d’en dire davantage.

57 Maintenant entre nous j’espère un peu amener les uns et les autres à s’entendre. Je ne regretterai pas ainsi mon voyage ni la très mauvaise traversée que j’ai eue en venant.

58 J’espère que tout va bien aussi à Londres. Mes amitiés à Madame Bromhead et à vous cordialement.

59 Léon Gaumont

Lettre à en-tête “The Waldorf Astoria, New York”. Cachet : “GENERAL”. [Texte manuscrit]

60 New York, 24 avril 1908.

61 Mon cher Bromhead,

62 Je ne suis pas arrivé à un résultat satisfaisant, je dois l’avouer […] Je serai à Londres mardi 5 vers 8 h du soir, attendez-moi, nous dînerons ensemble. Donnez rendez-vous pour mercredi 6 mai à M. Paul17 où il voudra vers 9 h/10 h et avec les autres membres du Congrès de Paris, s’il le juge à propos. Je les mettrai au courant de la situation.

63 Nous allons reprendre notre entière liberté au Canada très probablement.

64 Je crois que pour les U.S. la situation ne pourra aller qu’en s’améliorant.

65 Bonne poignée de main.

66 Léon Gaumont

67 Je ne suis resté que quelques heures à Chicago sans voir M. Miles [?].18

68 Je compte quitter Londres mercredi 6 à 2 h 20.

Lettre à en-tête de la Société des Établissements GAUMONT. Société anonyme – Capital : 3.000.000 de francs. [Texte manuscrit]

69 Paris, le 27 Juin 1908, 10 h. p.m.

70 Mon cher Bromhead,

71 N’ayant pu m’occuper du courrier personnel aujourd’hui, je réponds ce soir à vos questions pour que vous soyez documenté lundi matin.

72 Copyright. Tachez de m’avoir la description de la bande P telle qu’il la donne à leurs clients.

73 Japon. Comme je vous l’ai expliqué, Mr Chaix [Ghaix ?] l’agent de la Cie des Messageries Maritimes à Yokohama avait la Gde faveur [?] d’une femme. Commerçante très connue et estimée dans cette ville pour 6 postes de Chronophones. Je l’ai refusée parce que je ne veux plus donner de monopole, nous n’avons donc eu qu’un seul appareil d’expédié à Yokohama.

74 Je vous autorise à vendre d’autres postes à ces MM. pour le Japon mais sans monopole. Je vous donnerai par lettre lundi le nom de cette cliente.

75 Je ne veux plus de monopole.

76 Pour la Chine je vous ai dit que nous étions en pourparlers pour avoir avant Octobre prochain un dépôt à Tientsin. Donc pas de monopole à donner non plus.19

77 Si vos clients depuis décembre avaient passé commande en janvier ou février, nous aurions pu peut-être traiter avec monopole à ce moment, mais maintenant c’est trop tard.

78 Si MM. veulent acheter, traitez, prenez la commande, mais sans monopole et faites-leur remarquer qu’il n’y a pas de concurrent sérieux pouvant montrer une collection aussi choisie que la nôtre et avec des appareils aussi sérieux que les nôtres. S’ils veulent faire concurrence à Maison P [Pathé] ils doivent traiter avec nous. Qu’ils viennent à Paris et ils seront fixés après la visite de nos établissements.

79 Je vais me renseigner sur l’affaire The Gaumont de l’Est [?] Je ne suis pas du tout au courant, votre lettre est une révélation pour moi.

80 Suite à lundi après avoir causé au service ciné.

81 Bonne poignée de main

82 TSVP

83 Il pourrait se faire que lundi 6 juillet vous receviez la visite de M. Planchon qui a rendez-vous chez Eastman pour une très grosse affaire encore secrète. Vous vous tiendrez à sa disposition pour l’accompagner et traduire si besoin est. C’est très important et j’ai pris position pour la Maison.

84 – Puisque je vous écris personnellement, je dois vous demander de réduire si possible à zéro tous frais nouveaux pour installation ou transformation ; vous devez voir que vous avez une balance peu brillante et je crains qu’avant peu tout votre approvisionnement de bandes ne vaille pas un franc – attention.

85 L. Gaumont

Lettre à en-tête de la Société des Établissements GAUMONT. Société anonyme – Capital : 3.000.000 de francs. [Texte dactylographié sauf la fin, manuscrite]

86 Paris, le 8 juillet 1908.

87 GENERAL

88 AGENCE DE LONDRES

89 Mon cher Bromhead,

90 Vous recevrez d’ici deux ou trois jours, la visite de Monsieur VALLOIS qui va faire la photographie des vitrines des Exposants de la Section Française.20 Je suis en excellents rapports avec Monsieur VALLOIS et je désire faciliter ses opérations de développement en mettant vos Laboratoires à sa disposition. Vous trouverez certainement la possibilité d’installer, dans la chambre noire, un coin où l’opérateur de Monsieur VALLOIS fera ses manipulations.

91 Monsieur VALLOIS sera du reste porteur d’une lettre de moi. Nous en recauserons à mon prochain voyage à LONDRES.

92 [Manuscrit :] Vous pourrez parler à M. Vallois, ancien président de la Chambre syndicale des photographes, des difficultés que vous avez avec Cheminais, ce sera répété.

93 Je vous écrirai […] à un sujet sérieux.

94 L.-G.

95 Léon Gaumont

Lettre à en-tête de la Société des Établissements GAUMONT. Société anonyme – Capital : 3.000.000 de francs. [Texte dactylographié sauf dernière phrase manuscrite]

96 Paris, le 11 juillet 1908.

97 AGENCE DE LONDRES

98 Mon cher Bromhead,

99 Bien reçu votre lettre du 10 courant.

100 CHEMINAIS – Dans le prix il a bien été compris le gardiennage et l’entretien pendant toute la duré de l’Exposition, mais il n’est pas du tout question d’une personne qui serait chargée de répondre aux visiteurs.

101 SUSSFELD – Je m’aperçois que la Maison SUSSFELD est encore en retard pour commander nos nouveautés, notamment pour la Bnde [Bande] de LONDRES « On demande un propriétaire pour une paire de pantalons » à la date du 6 juin21.

102 Tâchez donc, s’il y a un moyen de téléphoner à la Maison SUSSFELD de LONDRES et de pouvoir causer à Monsieur LORSCH en lui faisant remarquer, de ma part, que nous n’avons pas encore reçu de nouvelles des bandes que nous avons expédiées les 15 et 17 juin. Nous serions très heureux qu’il veuille bien se rendre compte que le retard apporté à ses commandes nous met dans une position défavorable sur le marché américain avec la concurrence que ne manque[nt] pas de faire nos Confrères.

103 Devant le bruit que l’on faisait sur les projections en couleurs SMITH22, je voudrais approfondir de près la valeur des brevets de cet inventeur. Je désirerais que vous rendiez visite, le plus tôt possible, à Monsieur H23 pour avoir la nomenclature des brevets que nous devons consulter. Vous voudrez bien vous les procurer.

104 [Manuscrit :] Vous m’attendrez vendredi prochain 17 courant à Sherwood Street24 nous aurons à causer après.

105

Lettre à en-tête GAUMONT Co. General Agent for the Société des Établissements Gaumont, Paris. 124 East 25th Street, New York. [Texte manuscrit]

106 New York, 6 septembre 1908.

107 Mon cher Bromhead,

108 J’ai votre lettre du 29 Avril [probablement 29 août ?] et vous remercie de vos bons souhaits. La traversée a été plutôt bonne.

109 Pour la location je verrai avec plaisir les documents que vous avez réunis pour me prouver l’excellence de la location des bandes étrangères.

110 Vacances. Je pense que vous avez donné votre adresse à Paris pour le cas échéant où j’aurais à vous prévenir.

111 Je ne sais quel est le résultat d’Août mais j’ai hâte de le voir. Si vous êtes en perte nous serons encore forcés de diminuer nos dépenses. Il est inutile de faire des affaires si les frais généraux sont plus élevés que les bénéfices bruts. Plus on en fait, plus on perd de l’argent.

112 Ici je ne sais encore comment les événements vont tourner ici [sic]. – Je crois que c’est fin courant que vous devez déposer la déclaration de la Société. Je ne crois pas que vous ayez des renseignements à me demander, en tous [sic] cas je serai rentré pour le 25. D’ici là vous aurez eu tout le temps de préparer la traduction.

113 Bonne poignée de main

114 L. Gaumont

115 – Je pense que nous recevrons bien à Paris le double de toute la correspondance avec les agences et l’U.S. notamment. C’est le seul moyen pour moi d’être au courant.

Lettre à en-tête GAUMONT Co. General Agent for the Société des Établissements Gaumont, Paris. 124 East 25th Street, New York. [Texte manuscrit]

116 New York, 12 septembre 1908.

117 Mon cher Bromhead,

118 La tournure des événements nous sera sans doute très favorable mais je préfère rester ici pour éviter les manœuvres de la dernière heure. Vous vous doutez de l’état d’énervement où je me trouve.

119 Je désire que vous fassiez à temps la déclaration de la Sté des Établissements Gaumont en Angleterre. Pour établir la Sté Anglaise il faut que je réunisse à nouveau le conseil, ce qui n’aura lieu que le 20 Octobre et encore je sais que l’on n’est pas partisan de la Sté Anglaise. Pour le moment comme nous ne demandons de crédit à personne, il n’y a pas à craindre de réclamation25.

120 J’irai vous voir et nous reparlerons de tout cela. Je viens de voir sur les journaux qu’U avait quitté l’Alhambra sans doute après fortune aux conditions qu’il avait26 ?

121 J’appelle votre attention à nouveau sur vos frais généraux ; le rapport sommaire de juillet indique 4.1000 frs [41 000 F] passé[,] près de £ 180027. Je suis effrayé car je me demande comment vous allez pouvoir payer Paris de ses avances d’ici la fin de l’année. Il me semble que vous ne vous rendez pas compte de la crise cinématographique et que vous continuez à marcher sans vous préoccuper de vos paiements. Encore une fois attention !!

122 Bonne poignée de main

123 L. GAUMONT

124 Agence Biograph.

125 Je laisse Blaché bien [au] courant de s’occuper de la question.

126 T. SVP

127 A titre confidentiel, je crois que nous allons avoir le droit de rentrer 500 à 600 m de nouveautés par semaine ; Kleine avait manœuvré pour avoir la licence à son nom et choisir parmi ses 10 clients européens les meilleurs sujets et faire de plus diminuer les prix comme il l’entendrait, je suis arrivé juste à point pour ne pas nous laisser faire28.

128 Mais ce maximum de 600 m va nous forcer à ne lancer que des négatifs remarquables d’autant plus que nous avons à lutter avec Edison qui fait très bien et pourra faire d’autant mieux qu’avec 2.000.000 frs de redevances par an il pourra choisir auteurs, artistes, décors, etc... Il ne s’agit donc plus de faire […] mais autant que possible des vues sensationnelles. Si Londres ne me donne pas de sujets passables, nous perdrons la vente. J’appelle votre attention sur ce nouveau point qui nous prouve encore que vous devez surveiller vos frais généraux, vos ventes à bénéfice allant forcément diminuer.

Lettre à en-tête de la Société des Établissements Gaumont. Sté anonyme capital 3.000.000. Siège social Paris, 57 rue St-Roch [Texte dactylographié]

129 Paris le 17 Septembre 1908

130 Monsieur BROMHEAD,

131 Je vous remets ci-joint une lettre que Monsieur GAUMONT m’avait chargée de vous faire parvenir à votre adresse en vacances.

132 Comme je n’ai pas cette adresse, je vous la fais parvenir par l’Agence. J’espère qu’elle arrivera à bon port.

133 Je crois devoir ajouter aussi, pour le cas où vous auriez quelque chose d’urgent à demander à Monsieur GAUMONT, qu’il nous a envoyé hier, 16 courant, un câble nous informant qu’il resterait encore quelque temps et ne serait probablement de retour que vers le 6 Octobre.

134 J’ai tenu à vous aviser de ceci, parce que dans sa lettre du 6 Septembre, Monsieur GAUMONT vous dit qu’il sera rentré le 25.

135 Meilleures salutations

136 [Signé : illisible]

Lettre à en-tête de la Société des Établissements Gaumont. Sté anonyme capital 3.000.000. Siège social Paris, 57 rue St-Roch

137 Paris, le 12 novembre 1908.

138 Mon cher Bromhead,

139 J’apprends votre retour au bureau pour demain vendredi midi. J’espère que vous rentrez en bonne santé. Je voulais aller au devant de vous mais diverses circonstances me forcent à reculer mon voyage.

140 Je serai peut-être à Londres samedi en tous [sic] cas notre entrevue sera à bref délai devant voir M. Paul à Londres lundi.

141 Tous mes compliments

142 Léon Gaumont.

143 Donnez -moi [en tous cas… ?] quelques lignes par le courrier de demain vendredi pour le cas où je serais retardé.

Notes

1La branche britannique et les autres branches étrangères de Gaumont sont à peine mentionnées, quand elles le sont, dans Gaumont : 90 ans de Cinéma (Philippe d’Hugues et Dominique Muller (dir.), Paris, Ramsay – Cinémathèque française, 1986) et dans « La maison Gaumont a cent ans » (Cahiers de la Cinémathèque, n° 63-64, décembre 1995).
2De 1905 à 1910, la maison Gaumont entreprit de nombreux changements dans son organisation et sa production. Pour plus de détails sur le développement et l’essor de la société durant cette période, voir Richard Abel, The Cine Goes to Town. French Cinema 1896-1914, Berkeley, University of California Press, 1994, p. 19-20, 35-36, 49-50.
3Jean-Jacques Meusy, Introduction à Cinquante ans d’industrie cinématographique (1906-1956), Paris, Le Monde Éditions, 1996, p. 14-15. Voir aussi : Michel Fontana, L’année 1908 en France, Thèse université Paris III, 1997.
4Interview de Bromhead dans Kinematograph and Lantern Weekly, 26 mars 1908, p. 337.
5Ces lettres adressées à Feuillade ont été publiées par Francis Lacassin dans Pour une contre-histoire du cinéma, Lyon, Institut Lumière, 1994, p. 65-70. Lacassin se trompe lorsqu’il écrit que Léon Gaumont s’est rendu pour la première fois en Amérique en septembre 1908, car il y était manifestement en avril, d’où il écrivit à Bromhead. Il faut cependant noter que, dans la base de données de Ellis Island sur internet, Léon Gaumont est mentionné comme étant venu seulement une seule fois à New York en 1908 (au total, onze visites à New York sont répertoriées : une en 1908 et en 1909, trois en 1910, une en 1911, deux en 1912, une en 1913, 1916 et 1920). Peut-être a-t-il débarqué dans un port américain autre que New York lors d’un de ses deux voyages de 1908.
6Voir les deux textes de présentation de J.-J. Meusy et C. Faugeron ainsi que celui de J.-J. Meusy dans l’édition des lettres de Léon Gaumont des années quatre-vingt-dix : Marie Sophie Corcy, Jacques Malthête, Laurent Mannoni, Jean-Jacques Meusy, Les Premières Années de la société L. Gaumont et Cie. Correspondance commerciale de Léon Gaumont 1895-1899, Paris, AFRHC – BiFi – Gaumont, 1999.
7Voir la discussion de Laurent Mannoni concernant le Comptoir général de photographie vers 1891-1896 in : « Cinéma des premiers temps. Nouvelles contributions françaises », Théorème, n° 4, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 1996, p. 32-50.
8Gaumont pouvait être brutal jusqu’à l’impolitesse comme lorsqu’il critiqua les premiers films de Léon Poirier en 1914. Voir Léon Poirier, 24 images à la seconde. Du studio au désert, Tours, Mame, 1953, p. 34-37. Jean-Jacques Meusy me signale aussi les témoignages en ce sens de Henri Fescourt (La Foi et les montagnes, ou le 7e art au passé, Paris, Publications Photo-Cinéma Paul Montel, 1959, p. 78-79) et de Marcel L’Herbier (La Tête qui tourne, Paris, Belfond, 1979, p. 228-229).
9En octobre 1898, Léon Gaumont soupçonna l’un de ses employés, Beer, de cette sorte de traîtrise. Beer était venu travailler comme intermédiaire avec W. J. Le Couteur, prédécesseur de Bromhead en tant que représentant de Gaumont à Londres. Gaumont s’ouvrit de ses soupçons dans une lettre à un collègue de Lyon (voir la lettre n° 274 du 11 octobre à J. Perrin de Lyon, in Marie Sophie Corcy et al., op. cit., p. 363) et environ deux semaines plus tard, le 24 octobre 1898, A. C. Bromhead écrivit – en français – à Léon Gaumont pour confirmer cet acte déloyal de Le Couteur et de Beer : « En parlant avec M. Pike ce jour, il m’a dit que Le Couteur a connaissance de quelques unes des affaires de notre maison, et même les contenus de quelques unes des lettres que nous vous écrivons ; et M. Pike m’a averti qu’il croyait que M. Beer avait correspondance ou communication avec quelqu’un parmi vos employées à Paris, qui lui dit des affaires qui doivent être secrètes. Plus que ceci M. Pike ne pourrait ou ne voulait pas dire, je vous écris donc, ainsi, sous pli séparé pour vous transmettre cette information. Je vous présente, cher Monsieur, l’assurance de mon dévouement respectueux. A.C. Bromhead ». « J’apprends que la Mson Goupil ici, et des autres maisons françaises ou anglaises prennent précautions en cas d’une guerre Anglo-Franco- qu’on regarde comme presque certaine. Si cette risque [sic] est dans votre opinion assez vraie [sic], ne devons-nous pas avoir un grand stock aussitôt que possible ? ACB. » (BiFi, fonds Gaumont)
10Voir le commentaire d’Hepworth in A. C. Bromhead, « Reminiscences of the British film trade », Proceedings of the British Kinematograph Society, 11 décembre 1933, p. 21. Ce surnom est confirmé par Adrian Brunel, « Pioneers of the Cinema », Screen Pictorial, avril 1937, p. 36. Selon le dictionnaire d’argot de Partridge, « bromide » était un mot d’argot américain (1906) et anglais (vers 1909) qui était dérivé du terme médical désignant un sédatif et signifiait : « une personne ou une expression banale ».
11M. Thomas Arthur Welsh avait souscrit 15 actions de 100 F de la Société des Établissements Gaumont, société anonyme constituée en décembre 1906 (son nom est orthographié dans l’acte “Wellsh”). Le colonel Alfred Claude Bromhead, également mentionné comme employé, avait souscrit pour sa part 250 actions.
12« Cher Monsieur, Lundi dernier 16 décembre, j’ai eu une conversation avec M. Gaumont au cours de laquelle il m’informa qu’il avait eu connaissance, par M. D’Armagnac, de l’histoire qui est arrivée concernant mes affaires privées, juste avant mon départ de Londres. Il dit que je devais cesser toutes relations avec Mademoiselle Lock, ou bien quitter immédiatement mon emploi. Si je renonçais à cette relation, il me confierait le poste de caissier à Londres lorsque M. Marschal partirait au Canada. Cela ne me laissait donc pas d’alternative, en fait, aussi ai-je abandonné complètement mes relations avec Mademoiselle Lock, jusqu’à ce que M. Gaumont me donne la permission de les reprendre. Je n’ai rien d’autre d’important à relater cette semaine. Votre dévoué, H. Dickson ».
13On ne connaît pas plus de détails sur ce H. Dickson (sans rapport avec W. K.-L. Dickson, l’ancien collaborateur d’Edison). Il est évident d’après cette lettre qu’il était un employé de la compagnie et qu’il avait eu certaines relations avec cette Mademoiselle Lock (voir ci-dessus notre introduction).
14Harry Lauder (1870-1950), célèbre chanteur et animateur écossais de music-hall, était très populaire en Grande-Bretagne et apparemment les films du Chronophone étaient largement diffusés à la foire de Bolton, par exemple. Le spectacle de Kemp faisait « des affaires particulièrement bonnes » avec les films de Lauder, attirant les foules avec des affiches de la star écossaise. Voir « Bolton Fair », Kinematograph and Lantern Weekly, 9 janvier 1908, p. 145. Pour davantage de renseignements sur la carrière cinématographique de Lauder, voir Scott Curtis « If it’s not Scottish it’s crap [« S’il n’est pas écossais, c’est une merde »]. Harry Lauder sings for Selig », Film History 11, 4, 1999, p. 418-425.
15Le Chronophone « Modèle à main » fut montré pour la première fois en 1903 et mis plus tard sur le marché au prix de 2 800 francs. Voir « Les appareils de collection Gaumont, Pathé », Archives, n° 36, décembre 1989, p. 8.
16Henry Vaux Hopwood (1866-1919) fut un des premiers spécialistes des techniques cinématographiques et l’auteur d’un ouvrage qui fit autorité, Living Pictures : Their History, Photo-Production and Practical Working. London : The Optician and Photographic Trades Review, 1899.
17Probablement R. W. Paul (1869-1943), producteur anglais des premiers temps.
18Probablement Herbert Miles de Miles Brothers, fabricants de films et distributeurs basés à San Francisco, qui ont fait des films à partir de 1897.
19Il y avait eu précédemment au moins un monopole de ce genre. En août 1906, la compagnie Gaumont, (apparemment par l’intermédiaire de Bromhead) donna à Harry Rickards les droits exclusifs pour l’exploitation du Chronophone en Australie jusqu’au 1er mars 1907. Peut-être cet arrangement se révéla-t-il insatisfaisant et peut-être est-ce la raison pour laquelle Léon Gaumont manifesta tant d’opposition à consentir des monopoles ou des « droits exclusifs » pour le Chronophone à quiconque, en Chine ou au Japon. Voir la lettre de Bromhead dans The Theatre (Australia), 1er novembre 1906, p. 11. Rickards (mort en 1911) avait projeté en Australie les premiers films en 1896, à son Opéra de Melbourne.
20Peut-être s’agit-il de l’exposition franco-britannique de 1908 à White City, dans la partie ouest de Londres.
21Peut-être est-ce le film Gaumont A Talk on Trousers, un sujet du Chronophone (« film chantant ») de 1908 basé sur une chanson populaire de 1902 (ce film se trouve sur la liste de l’American Film Institut).
22G. A. Smith, fabricant de films des premiers temps et inventeur du procédé Kinemacolor de cinéma en couleurs « naturelles ».
23Probablement nouvelle référence à Hopwood.
24À cette date, les principaux locaux se trouvaient au 5 et 6 Sherwood Street, près de Picadilly, au centre de Londres.
25Le registre des compagnies qui se trouve aux Archives à Londres indique que la Compagnie Gaumont a été constituée en 1909 (société n° 101 129). Malheureusement, l’acte lui-même n’a pas été conservé sous les cotes BT31 ou BT34, ni dans les dossiers des sociétés en liquidation.
26La lettre « U » désigne l’Américain Charles Urban (1867-1942), un important producteur des premiers temps du cinéma anglais, qui disposait d’un créneau régulier pour projeter ses films à l’Alhambra, un music-hall londonien de premier plan.
27La livre anglaise était échangée en 1908 contre 25,25 francs (Annuaire rétrospectif de la France, Rétrospectif, Paris, 1961). Par conséquent, les frais généraux de juillet (« 41 000 frs passé ») se montaient en fait à environ 45 450 francs.
28En 1907, Gaumont était représenté aux USA par Miles Brothers. À partir du début de l’année 1908 la Kleine Optical Company, dirigée par George Kleine, représentait Gaumont ainsi qu’une dizaine d’autres producteurs européens. En juin 1910, Herbert Blache acheta la Compagnie Gaumont de New York et, en novembre 1911, Gaumont annonça que George Kleine n’était plus l’agent américain de la firme. Voir : Kristin Thompson, Exporting Entertainment, London, BFI, 1985, p. 194-195.

Pour citer cet article

Référence électronique

Stephen Bottomore, « Correspondance entre Léon Gaumont et Alfred Claude Bromhead, 1906-1908 », 1895, n°37, Varia, 2002, [En ligne], mis en ligne le 28 novembre 2007. URL : http://1895.revues.org/document230.html. Consulté le 25 novembre 2008.

Auteur

Stephen Bottomore

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